lundi 30 avril 2012


L'Etranger : Au tribunal

Résumé des épisodes précédents :
-         Annonce de la mort de sa mère / Enterrement
-         Rencontre avec Marie
-         Rencontre avec Salamano et Raymond Sintès / Problème maîtresse
-         Bain avec Marie
-         Intervention de la police chez Raymond
-         Discussion avec Salamano
-         Proposition de son patron
-         Demande en mariage de Marie
-         Dialogue avec Salamano
-         Déjeuner chez Masson / Meurtre
-         Arrestation / Juge d’instruction
-         Vie en prison
-         Audition des témoins
-         Plaidoirie / Réquisitoire

2 paragraphes : 1er : La conclusion du réquisitoire
                          2e : Bref interrogatoire de Meursault

Question : Comment l’absurde se révèle-t-il dans cette scène ?

1er Axe : Comment se développe la rhétorique du procureur et de la société ?
2e Axe : Le décalage entre les représentants de la justice et de la société et  Meursault

Développement :

1er Axe :

Procureur:

Procureur de la République : avocat général représentant la société, chargé de l’accusation et prononçant  un réquisitoire.
1er § :
-         propos du procureur au style indirect « que ».
-         puis au style direct
> donner de l’importance à ses propos.
> montrer comment la rhétorique sociale va écraser Meursault qui ne sait manier les armes de la rhétorique.

Camus veut nous montrer et nous dégoûter de cette rhétorique absurde.
Absurde pourquoi ?
Trois  arguments utilisés par le procureur, montre l’absurdité de cette scène et du procureur.

1) Absurdité de la thèse de la préméditation (Discours du Procureur )
1er raisonnement du Procureur:
- Il part d’un postulat (évidence non prouvée) > être humain a forcément des sentiments.
- Or Meursault  > aucun sentiment.
- Donc Meursault n’est pas humain > personne schizoïde.
Ce raisonnement est un syllogisme > Raisonnement déductif formé de 2 propositions et une conclusion déduite du rapprochement des 2 propositions.
Conclusion fausse, car hypothèse 1, non démontrée.

Donc 2e raisonnement :
- Meursault > pas de sentiment
- Donc ne peut pas avoir commis ce crime sous l’impulsion de sentiments.
- Pourquoi a-t-il tué ?
- Le procureur en déduit que son crime a été prémédité.

>  raisonnement implicite > prouver que Meursault a prémédité son crime.
> Meursault n’avait aucun mobile de tuer cet arabe > Meurtre sans mobile = impossible.
2 type de mobile (= cause) : - mobile affectif > sentiment
                                              - motif > mobile rationnel, raison calculée

2) Grandiloquence des procédés
Grandiloquence : Trouver des bons arguments ( art du discours, manière solennelle) :

- Les phrases longues : «…» (dernière du réquisitoire)
- Les phrases rythmées (croissante et décroissante) : «…» (dernière du réquisitoire)
> 6/10/10/7/10/9/10/6/8/7/10 
- L’emploi d’un lexique soutenu : « impérieux, sacré » > champ lexical de la religion
                                                          « rien que de ».
- Emploi de figures de style : oxymore > « pénible devoir », « cœur léger »
                                              hyperbole > « horreur », « monstrueux », « jamais ».
3) Arguments douteux

Dans sa rhétorique > procureur ajoute 2 grands arguments : 

- Sensibilité du procureur.
Demander la peine de mort > devoir pénible > il le fait le cœur léger pour Meursault.
- Argument comparatif.
Déjà demandé la mort > là il n’a aucun scrupule.
Rien ne prouve que ce soit vrai  > mais cela convainc le jury.

2e Axe :
- Dialogue raconté au style indirect.
- Montre l’incompréhension de Meursault vis-à-vis du procureur et des autres.

1) Décalage entre Meursault et les autres Personnages
Décalage :
- Entre lui et les autres > avec « étonnement » > marque l’importance de la sensation.
L’étonnement de Meursault par rapport à la violence du procureur

- Dans le dialogue (dialogue de sourd) > Président questionne Meursault.
                                                     > Meursault dit : « je n’ai pas eu l’intention de tuer l’arabe ».

- Par rapport au rang social :
Le président s’exprime avec des expressions du monde de droit : « système de défense » 
= organisé sa défense > il faut raisonner , construire, enchaîner les idées 
> Meursault est sincère, il veut dire la vérité > ne peut pas élaborer un système de défense.

Pour ça Il faudrait qu’il manipule les évènements :
-          Mis sa main au revolver
-          Brûlure du soleil
-          Goutte de sueur
Il faudrait ensuite manipuler des raisons, échafauder un plan mais on s’échappe de la réalité.

- Président utilise du vocabulaire judiciaire : « motif »
> motif : raison d’agir d’ordre intellectuel.
> motif = argument donc pas de sensation , d’émotion.
 
- Réponse de Meursault et réaction du public
Meursault donne un mobile = cause physique (soleil)
> rire du public et de l’avocat

Conclusion :

Dans cette scène, l’absurde se révèle :
- Dans la discordance entre : discours du procureur / attitude de Meursault.
> Procureur utilise rhétorique pompeuse pour accabler Meursault > les paroles font rire.
> Meursault totalement décalé par rapport à l’appareil judiciaire et au public > on a l’impression  qu’il n’appartient pas au même monde que les autres.

L’absurde est dans l’opposition entre :
-          Un individu qui refuse le mensonge
-          La société qui l’écrase sous le mépris ou la haine. 


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